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LA CONFRERIE DES COTEAUX DE SUCY EN BRIE
SEPTEMBRE 1987 – DECEMBRE 1989



Les congés passés, dès septembre commence une période qui, de mémoire de confrères, fut, parmi les vingt années qui ont suivi, une de celles qui connut une rare intensité. Mais nous étions jeunes… Outre la reprise des travaux de la vigne et notre participation aux traditionnelles fêtes de septembre, au cours desquelles nous organisons les premières « portes ouvertes » à la vigne et la présentation d’une ébauche du futur costume de la Confrérie, nous entamons des démarches longues et difficiles avec la Municipalité pour la mise à disposition des locaux du Fort, nous rédigeons les projets des statuts et du règlement intérieur de la future confrérie, nous définissons les composantes de son logo, (et on parle même, au cours d’une réunion, d’organiser un congrès des vignes d’Ile-de-France … Ils sont de plus en plus fous…)

Le 22 janvier 1987, au cours de l’Assemblée générale, l’Association pour la Vigne (AVIS) se transforme en Confrérie des Coteaux de Sucy-en-Brie et à la clôture, 6 confrères en présentent le costume. Le Vin d’honneur est organisé autour d’une dégustation de Sauvignon - Sémillon du Chili… en attendant de pouvoir boire le nôtre.

En févier, enfin, La Mairie met à notre disposition les locaux du fort. A cette même période nous effectuons La première taille avec les conseils vigilants d’Etienne Lafourcade et de Jean Dumas le vigneron de Suresnes et nous nous mettons en quête de fûts.

Le 22 avril, Installation solennelle de la Confrérie, parrainée par celles des Rabelaisiens de Saint-Maur, du Tastevin de Suresnes et des Comtés de Nice et de Provence, suivie d’un premier défilé en ville et, le soir, d’un dîner de gala au restaurant La Terrasse Fleurie au début duquel est organisé le premier chapitre exceptionnel où la SHAS et la JCES sont nommées « Grands Sages », Roger Keiffer « Grand Commandeur », Jean-Marie Poirier « Commandeur » lequel nous annonce, cerise sur le gâteau, que la Mairie met à notre disposition un terrain de 125 m²; situé en bordure de celui de notre 2° tranche.

Le 14 juin : Organisation de la première fête de la St Jean à la Ferme du grand Val, l’engouement vis-à-vis de la Confrérie est tel qu’il est procédé à l’intronisation de 39 impétrants… et le 22 juin : première réunion dans nos locaux du Fort, ouverts aux quatre vents : En l’absence totale de mobilier chacun a apporté son tabouret… Il y a tant de choses restant à faire que pour agir plus efficacement sont créés des groupes de travail spécialisés : « Financement – Vigne et Vin – Cérémonial – Fort - Festivités » qui se réuniront séparément et rendront compte lors des « chapitres ». Il leur est donc logiquement donné le nom de « Paragraphes »…

En septembre, lors des fêtes de Sucy, nous participons à l’inauguration des nouveaux locaux du Crédit Mutuel, et nous y faisons une large publicité sur les premières vendanges qui auront lieu en octobre.

Les courants d’air dans le Fort sont tels que Michel Jacquottin, l’un de nos premiers généreux parrains, met à notre disposition, pour nous réunir, son local de la Rue de la Porte : aujourd’hui le restaurant « Le Clos de Sucy ». Nous passerons donc l’hiver au chaud !

Dotés d’un toit provisoire (Le Clos de Sucy), de locaux à aménager (Le fort) nous pouvons préparer activement la 1° vendange qui a lieu le 25 octobre 1987. Seuls y participent les membres du Conseil Chapitral et ceux de la SHAS et de la JCES. En vingt minutes tout était ramassé (y compris les grains tombés à terre) et la récolte transportée au fort. Moment d’émotion lorsque du pressoir sortit la 1° goutte… et finalement après de titanesques efforts (il fallut se mettre à cinq ou six pour maintenir le pressoir à pression verticale afin de récupérer un maximum de jus) 97 litres de moût purent être entonnés et la première vinification lancée.

Le 8 novembre est organisée, pour fêter l’évènement, en présence de personnalités, la 1° vendange officielle : Ban des vendanges, cortège derrière la musique municipale pour se rendre à la vigne, cueillette des quelques grappes religieusement conservées, offrande du raisin à St Martin : Le cérémonial, vingt ans après, est toujours le même !

Pendant que le vin se fait, grâce à de nombreux et généreux parrainages, nous aménageons nos locaux du fort : dalles, arrivée d’eau, installation électrique, chauffage. La vigne étant en sommeil, nous pouvons alors consacrer tout notre temps à la préparation du 1° Symposium des vignes d’Ile-de-France prévu initialement pour le 12 juin 1988…

Le 27 février, en présence d’Etienne Lafourcade et de Jean-Marie Poirier, première dégustation parcimonieuse et confidentielle du Sucy 1987… Les commentaires sont élogieux : « Vin très fruité, noble, fin vif : très grande et très belle réussite », « première émotion, première dégustation du vin de Sucy et véritable émerveillement : quel vin ! ».

Au printemps les travaux reprennent à la vigne : taille, labour, mais également préparation et clôture du 3° terrain.

Alors que nous étions prêts pour le Symposium, les invitations ayant même été lancées… patatras ! Le Président de la République, sans tenir compte de cet état de fait, dissout l’Assemblée Nationale et organise ce jour là des élections législatives… Nous sommes donc contraints de le reporter en octobre (et c’est pourquoi, depuis cette date, les symposiums se tiennent tous les deux ans en octobre).

Les traditionnelles fêtes de septembre marquent le départ de la nouvelle année d’activités : le 18, lors de la fête des associations, sur notre stand « Le Grand Café », où tous les dignitaires de la Confrérie sont costumés « 1900 », il est procédé au tirage au sort des 70 membres cotisants qui auront le droit d’acheter une des bouteilles de Sucy 1987, puis à la vente aux enchères de 10 autres bouteilles : Nous en aurions bien vendu 100 si nous les avions eues…

C’est le 16 octobre que nous accueillons à Sucy, plus de 300 personnes : vignerons, œnophiles, confréries, sociétés historiques, etc... qui se répartiront en quatre ateliers : culture, vinification, histoire et tradition, fêtes et animations, dont la synthèse, après un magnifique banquet préparé par les cuisines municipales, sera fait à la séance de clôture (et diffusée à tous les participants). Suresnes s’y porte candidate pour l’organisation du 2° Symposium. La séance est suivie d’un chapitre exceptionnel au cours duquel Jean-Marie Poirier, jour faste s’il en est (Il venait du Congrès des Maires à Marseille où il avait reçu une Marianne d’or) est nommé Grand Commandeur et prend l’habit de la Confrérie.

En fin de journée, dégustation des vins d’Ile-de-France dont, pour la première fois le Sucy : Enorme succès !

La fête à peine terminée il faut faire la 2° vendange le 23 octobre : Il y avait presque autant de vignerons amateurs (dont nous eûmes bien du mal à contenir l’enthousiasme) que de grappes à vendanger. 250 kilos de raisin sont récoltés qui donneront 170 litres de moût. La vinification lancée, la journée se termine par une grande soirée de type auberge espagnole qui dure assez tard dans la nuit…

On va pouvoir enfin se reposer… pensent en s’endormant et en se plongeant dans de doux rêves, certains d’entre nous… Ils sont réveillés en sursaut par une sorte de cauchemar : « Tu rêves leur dit le Grand Maître en ricanant sarcastiquement : Il faut préparer la St Vincent ! ».

Nos héros sont fatigués… Mais il faut préparer la Saint-Vincent, le 22 janvier. Au cours du chapitre exceptionnel qui est suivi d’un superbe buffet dansant, le conseil chapitral s’agrandit de 4 nouveaux dignitaires.

On commence à parler du vin en Ile-de-France et le 25 février nous sommes invités à participer au concours mondial des sommeliers au Cirque d’Hiver où notre 1987 suscite la curiosité et les encouragements de quelques grands noms.

Le 3 mars, Etienne Lafourcade vient déguster le 1988. « Vif, de garde, parfum et arômes fins ; ce sera un vin surfin et très droit ». Effectivement on en reparlera bien plus tard du 1988…

Les 12 et 19 mars est replanté, aménagé et clos le troisième terrain. Lors d’une pause nous intronisons solennellement la Grande-Binette (le motoculteur du Grand-Bailly). Nous disposons alors de 6 ares 25 rosiers et 544 ceps. « Ca suffira à meubler nos loisirs » dit le rédacteur d’un article dans L’AVISEUR N° 8… »

Le 15 avril, première grande sortie de la confrérie à l’occasion du XX° anniversaire des halles de Rungis. Nous y tenons chapitre au cours duquel nous intronisons Nicoletta et Guy Montagné. L’attention de nombreux dignitaires est cependant détournée vers les vestiaires où les Coco girls sont en train de se préparer pour leur spectacle…

Le printemps et l’automne sont des périodes fastes pour la vigne en Ile-de-France et, tout naturellement nous parrainons les nouvelles vignes et leurs confréries : Marolles-en-Brie, Dreux, Joinville-le-Pont où les dignitaires se déplacent en nombre.

Pendant la même période nous organisons ou participons aux désormais traditionnelles manifestations : Saint-Jean, ban des vendanges, foire au troc et fête des associations (aux cours desquelles sont présentés les tee-shirts aux armes de la confrérie qui s’arrachent (ou plutôt se cueillent) comme des grappes de raisin.

Le 15 octobre : III° vendange de notre vigne : 510 kg de raisin, 340 litres de moût, 11° au mustimètre. aussitôt foulés, pressurés et entonnés puis mis en fermentation ; et le soir c’est la fête dans nos caves dont l’aménagement se poursuit et dont l’acoustique, est-il écrit dans L’AVISEUR N° 9, est « accueillante pour les chansons à boire ! »

C’est l’hiver qui approche et nos cavistes vont s’occuper de la vinification : séparation du vin des lies, homogénéisation, transvasement dans les nouveaux fûts (Il y avait, parait ’il, plus de vin que ce que les fûts pouvaient en contenir et les confrères qui avaient procédé à cette opération se sont donc fait un devoir de tremper leurs lèvres dans ce qu’ils n’avaient pu y verser…).