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LA CONFRERIE DES COTEAUX DE SUCY EN BRIE
JANVIER 1990 – DECEMBRE 1992



Le 21 Janvier 1990, IV° Saint-Vincent, organisée cette année encore à la ferme du Grand Val. Trois nouveaux dignitaires prennent la robe. Le conseil chapitral élit un nouveau Grand-Maître pour succéder à celui qui depuis 7 ans, après avoir animé, à la JCE, la commission « Replanter la Vigne à Sucy », présidé aux destinées de l’AVIS, puis à celles de la confrérie, aspirait à prendre un peu de recul.

« Autre temps, Autres mœurs » dit le nouveau Grand-Maître dans sa première épître ; et c’est bien normal ! De nouveaux talents allaient pouvoir s’épanouir et la confrérie, tel le phénix, renaître de ses cendres ? Non, elle ne s’est jamais consumée ; Elle allait continuer à innover et progresser encore.

A la Saint-Vincent, le 21 janvier, un nouveau Grand Maître vient d’être élu. Si le premier avait eu l’idée de replanter la vigne, celui-ci a eu l’idée de créer la Confrérie et tout ce qui en fait sa spécificité : costumes, cérémonial, tradition… C’est dire qu’il sait de quoi il s’agit !

Son magistère commence sous les meilleurs augures : Au Centre culturel de la ferme, grâce à nos traiteurs de l’époque : Claude Coursière et Albert Giroux, un somptueux buffet réjouit les écuyers, chevaliers et dignitaires participants (180). Il fait tellement beau que certains festoient dehors.

Pendant l’hiver nos amis de Suresnes viennent nous conseiller une dernière fois pour la taille et, petit à petit, nous prenons notre autonomie dans la conduite de notre vigne.

Cette année là, las de parler « du terrain du haut » ou « de la vigne du bas », notre hérault d’armes (et membre éminent de la Société Historique de Sucy)  leur redonne un nom en rapport avec leur situation : Nous ne les appellerons plus que : « Le Clos » et « Le Boulard ».

Le cru 1989 (380 Litres) est en gestation et se présente bien, notre maire Jean-Marie Poirier qui le goutte en mars dit « un vin digne du centenaire (…) le maire en est fier ».

La vie de la confrérie se poursuit : corvées, chapitres, représentations extérieures, et à la Saint Jean le Grand Maître, récitant quelques incantations, fait cesser un pluie diluvienne pour que la fête puisse se dérouler dans le Clos… Il n’y a plus de doute depuis : les Grands Maîtres sont et seront toujours dotés de pouvoirs exceptionnels…

Vendange le 13 octobre : 930 kilos de moût… On va enfin pouvoir dépasser le caractère ultra - confidentiel de notre vin. Nous inaugurons ce jour là le pressoir familial offert par notre Grand Maréchal de l’époque. Tout cela s’arrose et la fête dure tard dans la nuit …

Le 14 octobre, c'est-à-dire quelques heures à peine après avoir fini cette « rude » journée, nous en entamons une autre : le 20° anniversaire du jumelage avec Surrey-Heath  au cours de laquelle notre Confrérie aura une représentativité officielle importante : Ban des vendanges, offrande à Saint-Martin, intronisations des maires de Surrey-Heath et Bietigheim et Vins d’honneur, oui : vins!

Le 21 Octobre, 2° Symposium des Vignes d’Ile-de-France à Suresnes: Grande satisfaction : l’affaire est lancée, et se renouvellera tous les deux ans, le prochain devant se dérouler à Joinville-le-Pont. Grande déception, car après cette manifestation la Vigne et la Confrérie de Suresnes se désolidariseront du mouvement naissant… Nous ne savons toujours pas pourquoi ou peut-être ne préférons nous pas savoir !

Arrive la traditionnelle Saint-Vincent, à la Ferme en 1991 pour la dernière fois. Un nouveau dignitaire, le rédacteur en chef de l’Aviseur de l’époque prend l’habit. Et pour la première fois est il noté : « Au vin d’honneur le vin de Sucy coule à flots ».

Pour l’anecdote il faut dire que le 18 mars, au cours d’une vente aux enchères organisée par le Rotary - Club au profit de ses bonnes œuvres, une bouteille de Coteaux de Sucy est adjugée au prix de 450 Francs (près de 70 € tout de même…)

Une grande crainte commence à nous envahir… Les terrains du clos vont être lotis et l’on se demande bien ce que vont devenir nos parcelles… Mais notre maire nous rassure : la vigne de Sucy ne devrait pas disparaître, au contraire, elle pourrait s’agrandir !

Ces conditionnels ne nous rassurent pas tout à fait, mais… nous verrons bien !
Ainsi que nous vous l’indiquions plus haut, ce début de printemps est bien tristounet. Le clos La Garenne, mis à notre disposition par la mairie en 1987, et planté en 1989, qui à peine avait donné ses toutes premières grappes l’an dernier, va être livré aux bulldozers dès après la prochaine vendange et nous sommes toujours dans l’ignorance de l’avenir des clos de Ville et du Boulard qui reste incertain… Nous restons donc très vigilants, à l’affût de l’AFU (Association Foncière Urbaine).

Mais heureusement il y a le vin ! Le 90 s’annonce prometteur, les dégustations le confirment.

Puis vient la Saint-Jean, le 23 Juin, attirant toujours plus de convives, avec leurs meilleurs flacons sortis de leur cave. On lit dans l’AVISEUR N° 13 : « Cette année encore le miracle s’est produit : Il y a toujours du vin, même quand il n’y en a plus ».

Et le 27 Octobre, enfin, la cinquième vendange. Pour la première fois, et la tradition subsiste depuis, une affiche est réalisée par un artiste sucycien : Serge Camus. Mais hélas la quantité, toujours croissante depuis 1987, n’y est pas : 630 kg seulement contre 930 l’an dernier… Il reste cependant l’espoir que la qualité, elle, soit constante…

Alors que nous allons entrer dans l’hiver, les négociations avec la mairie se poursuivent et il commence à apparaître que la superficie de notre vigne ne devrait pas être diminuée, même si elle doit être « remembrée » ; le clos de Ville, toutefois, devant rester en l’état. Mais certains édiles commencent à parler d’une extension de la superficie du vignoble… Les avis sont partagés, certains confrères sont enthousiastes, d’autres moins, et l’un d’entre eux écrit même : « L’entretien de cinq à six cents pieds suffit largement pour meubler nos loisirs (…) même si, hélas, la production ne suffit pas à étancher l’incommensurable soif de nos amis… et la nôtre ».

Notre Grand Maître d’alors, dans ses éditoriaux, n’hésite pas à faire état de « tempête soufflant sur le Grand Conseil Chapitral : gel des communications, orages latents, grêle verbale… » ; mais il note ensuite « la fin des guerres picrocholines au cours desquelles d’aucuns avaient traité d’autres de : tropditeulx, breshebens, plaisans, rousseaulx, galliers, chienlis, overlans, lunesourdes, usuriers chicards, briffaux, leschards et autres épithètes diffamatoires… ».  Mais quelle association pourrait prétendre qu’elle ne traverse pas occasionnellement, voire durablement, quelques différents dus à la sensibilité ou tout simplement à la force de caractère de certains de ses membres ? N’est-ce pas cela qui, d’une certaine façon, en fait aussi sa force ?

26 Janvier 1992, Fête de la Saint Vincent organisée pour la première fois à la Salle de Fêtes. On y célèbre le cinquième anniversaire de la Confrérie.

Au cours du chapitre exceptionnel deux chevaliers et une dame de cour prennent la robe. Vin d’honneur et banquet réunissent plus de 200 personnes et à cette occasion est lancé le pin’s de la Confrérie, offert par EDF : c’était très « mode » à cette époque.

Le 5 Mars 1992 est une grande date ! En effet, pour la première fois des représentants du vignoble de Champlitte (Haute-Saone) replanté en 1974, visitent nos caves, nos chais, et dégustent notre vin. C’est le début d’une longue amitié qui se concrétisera par une forte délégation de la Confrérie aux festivités locales au mois d’août, depuis renouvelée chaque année à Sucy ou Champlitte.

Cette période voit également l’entrée de l’informatique au sein de la Confrérie. L’un des nôtres, informaticien amateur chevronné crée le fichier des plus de 700 membres actifs ou sympathisants qui permet notamment d’enregistrer des données fiables et d’en corriger certaines. De fait, ce dernier vient de recevoir un courrier dans lequel un adhérent écrit : « Je viens de recevoir un cep d’honneur de gente dame au nom de Michèle N. Je vous informe cependant, à toute fin utile que je n’ai pas changé de sexe au cours de l’année 1991 et que j’ai déjà un cep d’honneur d’écuyer. Donc merci de me conserver ma virilité dans vos registres ». Notre informaticien met également au point le livret d’accueil de plus de 50 pages (hélas jamais réédité et c’est bien regrettable) dans lequel sont racontés aux nouveaux, notre histoire, nos auteurs bachiques préférés, notre hymne, le plan d’accès aux vignes et nos règles statutaires et confraternelles.

A cette époque également on commence à réfléchir au sein du Conseil Chapitral sur les sens de convivialité et de partage… Et c’est désormais une coutume, nous essayons de faire profiter chaque année, diverses œuvres, d’un peu de notre bonheur !

Mais…On vous en reparlera.

Le Printemps est là et nos valeureux vignerons se retrouvent régulièrement sur les coteaux : il faut tailler, labourer, désherber, palisser… ce qui leur donne, à la pause, l’opportunité de partager un sérieux casse-croûte et de déguster les vins de Sucy (et d’ailleurs), agapes qui, souvent, l’ambiance y étant excellente, ne favorisent pas réellement la reprise rapide du travail.

Mais au fort également on a bien travaillé : la cuisine a été aménagée, l’éclairage a été amélioré, le ballon d’eau chaude équipé d’un mélangeur, et une porte de séparation (décorée par notre Grand Imagier Claude Bouxin) a été posée pour permettre de chauffer légèrement la salle de vinification. (Et puis là, pour la dégustation, c’est pratique, la cave est toute proche…)

Le 21 juin, c’est la Fête de la Saint-Jean, très arrosée ! Notamment par la pluie : il a fallu se rabattre dans la cantine de l’école du Centre… Les 160 participants sont pourtant repartis heureux.

Quelques jours de repos puis il faut se remettre à l’ouvrage : Comme chaque année il faut préparer et participer activement aux fêtes de Sucy, au Ban des Vendanges et à la Vendange qui a eu lieu cette année le 16 octobre. De très nombreuses personnes nous rejoignent et, pour la première fois, nous offrons à tous les présents un gigantesque buffet vigneron. La récolte est bonne : 1500 kg de raisin, 950 litres de moût, 850 litres de vin titrant 11,5°. On s’en réjouit donc en terminant la soirée dans les caves, très simplement autour d’un copieux casse-croûte type auberge espagnole.

Croyez-vous que l’on allait pouvoir enfin se reposer ? Que nenni ! Le 25 octobre nous participons nombreux au III° Symposium des Vignes d’Île-de-France à Joinville-le-Pont ; et le sucy 1991, lors du Concours des Vins d’Île-de-France, y obtient une médaille d’Argent. Période de gloire pour le sucy ? Il entre à la Maison Blanche à l’occasion des cérémonies d’investiture de W.J. Clinton à qui une bouteille a été offerte.